Synthèse de l’apéro avec Cécile Avezard

« Le transport fluvial est vertueux »

Mardi 23 mai 2023, l’antenne lyonnaise de Femmes en Mouvement a reçu Cécile Avezard, directrice territoriale Rhône-Saône chez Voies navigables de France, pour un échange passionnant autour de son parcours professionnel au service de l’intérêt général et des enjeux du transport fluvial en France.

Parcours professionnel 

Cécile Avezard, ingénieure des eaux et des forêts, a effectué toute sa carrière « dans la grande maison qu’est l’Etat ». Elle en a découvert de multiples composantes, par le jeu de nombreuses mobilités géographiques et fonctionnelles : ingénierie publique à la Direction Départementale de l'Agriculture et de la Forêt de la Drôme, chargée de mission "agriculture et développement rural » à Préfecture de la Région Rhône-Alpes, Sous-Préfète à deux reprises, magistrate à la Chambre régionale des Comptes à Lyon… Ensuite, elle occupe 3 postes de management d’équipe, d’abord au sein de la communauté d’agglomération de Valence Romans, puis comme DRH du Ministère en charge de l'Ecologie, des Transports et du Logement, et enfin directrice territoriale Rhône-Saône de Voies Navigables de France, son poste actuel. Mariée, mère de 3 enfants, Cécile Avezard estime qu’elle n’aurait pas pu mener cette carrière sans le soutien de son mari, qui s’est arrêté de travailler à la naissance de leur troisième enfant, leur permettant de faire des mobilités géographiques successives et d’assurer une sécurité familiale.

Voies Navigables de France (VNF)

VNF un établissement public national relativement discret dans le secteur des transports, au regard notamment de l’importance des secteurs routiers et ferroviaire en France. Il gère les 6 700 km de voies navigables de notre pays. Cela recouvre les rivières et les fleuves aménagés pour la navigation et les canaux artificiels (canal de Bourgogne, canal du Midi…). L'aménagement des voies navigables nécessite des ouvrages techniques (barrages, clapets, écluses, canaux) et répond à des équilibres essentiels entre différents usages (navigation, écosystèmes naturels, tourisme, gestion de l'eau, captages...). L’histoire de VNF est liée au développement de l’industrie, le transport fluvial constituant alors le mode de transport privilégié. A ces missions historiques d’exploitation et de gestion du réseau des voies navigables pour développer le transport, est venue s’ajouter la gestion de l’eau pour répondre aux différents besoins des milieux naturels, des populations, des agriculteurs et des industriels.

Aujourd’hui, le transport fluvial, c’est 4% du volume des marchandises transportées en France, mais rapporté à la marchandise qui circule dans les territoires desservis, ce chiffre peut monter à 10 à 15% selon les bassins, soit 50 millions de tonnes de marchandises par an. En 1974, c’était le double. Le transport fluvial a perdu beaucoup de parts de marché au profit des routes et du train, mais aussi en raison de la désindustrialisation de la France. Les principaux clients de VNF sont le BTP, l’agriculture, la métallurgie, la chimie et l’énergie. Sur l'axe Rhône-Saône, les 2 principaux acteurs de transport fluvial sont le groupe Charles André (actuellement dirigé par une femme, Delphine André) et Sogestran. Le groupe Combronde commence aussi à s’installer.

VNF ambitionne d’augmenter cette part modale et s’est fixé comme objectif le transport annuel de 75 millions de tonnes d’ici 2030. Comme l’a rappelé Cécile Avezard, le transport fluvial a beaucoup d’atouts. « C’est un transport vertueux, aux externalités positives : il contribue à la baisse des émissions de carbone puisqu’on peut transporter l’équivalent de 250 camions sur un seul bateau et à la décongestion routière. Par ailleurs, c’est un mode de transport très sûr ». Dans un contexte de transition énergétique et écologique et de réindustrialisation, le transport fluvial a donc toute sa place. VNF se positionne comme un acteur complémentaire et non concurrent à la route et au rail. Par exemple, dans les grandes villes telles que Paris ou Lyon, les voies navigables peuvent être utilisées pour de la logistique urbaine afin de décongestionner les centres villes ou pour le transport de voyageurs.

Pour être complet, il faut aussi évoquer le tourisme fluvial. « Le transport fluvial joue un rôle important dans le développement et l’aménagement des territoires ruraux » note Cécile Avezard.

Afin d’atteindre ses objectifs ambitieux, VNF ne peut agir seul et cherche à convaincre et à inciter les chargeurs à utiliser le transport par bateau. « Reconstituer une filière fluviale prend du temps et nécessite des investissements importants pour développer les infrastructures, reconstituer des systèmes de transport performants ainsi que renforcer les compétences » analyse Cécile Avezard.

Parmi les projets en cours, citons le canal grand gabarit Seine Nord Europe, qui devrait relier l'Oise au canal Dunkerque-Escaut.

Être une femme dans le monde du travail / Management

« La place des femmes dans le monde du travail évolue dans le bon sens » observe Cécile Avezard.

Cécile Avezard a été manager jeune et a souvent évolué dans des univers très masculins. « En raison de mon éducation et de ma personnalité, j’ai fait comme si cela n’avait pas d’importance », analyse-t-elle. Rétrospectivement, elle estime qu’être une femme a pu parfois jouer en sa faveur… mais également en sa défaveur. Et si elle a mené une belle carrière, elle reconnaît « qu’elle a eu le sentiment d’en faire beaucoup plus que les hommes pour en arriver là, notamment en termes de mobilité ». Elle a su trouver des alliés hommes qui l’ont encouragée et valorisée. « Lorsque l’on arrive à nouer des relations fraternelles, authentiques avec des hommes, cela est très bénéfique. La diversité, qu’elle soit de genre, de formation, d’âge, etc., est très fructueuse ».

Ses conseils aux jeunes femmes en termes de management : « selon moi, la clé du management, est d’aimer la relation (ce qui n’est pas le cas de tout le monde) et d’oser être soi-même ». Il faut également savoir appuyer là où cela fait mal pour dénouer des situations délicates. « Arriver avec son authenticité, son humanité tout en conservant sa posture professionnelle et hiérarchique. Dire les choses sans tomber dans le pathos » conclut-elle.

A noter l’exposition Nous les fleuves, au Musée des Confluences (jusqu’au 23 août 2023)

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