Communication inclusive : passer à l'acte !

Nos organisations adhérentes ont eu l’occasion d’assister en avril et en mai à un webinaire "Communication inclusive : passer à l'acte !", animé par Carole Thomas, consultante en communication à impact et co-autrice de l'ouvrage collectif L’écriture inclusive, et si on s’y mettait, sous la direction de Raphaël Haddad, publié aux éditions du Robert en mars 2023. Merci à Fabienne Bardin, une de nos adhérentes, pour ce compte-rendu !

Pourquoi mettre en place la communication inclusive dans vos structures/entreprise/association ?

  • Pour toucher tous les publics en interne comme en externe,

  • Pour que les femmes se sentent considérées et attirées par l’entreprise,

  • Pour valoriser l’image d’une entreprise socialement responsable et contribuer à faire progresser l’égalité femmes/hommes,

Quelques règles simples permettent de mettre en place la communication inclusive.

  • En éliminant les expressions sexistes, les stéréotypes, les expressions naturelles. Exemples : l’autorité masculine, la tendresse féminine…

  • En utilisant le féminin et le masculin pour les noms de métiers (référence juridique dans la circulaire Roudy 1986, Jospin 1998, Philippe 2017 et par l’Académie française depuis 2019)

  • En veillant à ce que le féminin et le masculin soient systématiquement représentés dans les messages

Dans la communication, quelques repères doivent faire partie des réflexes pour éviter les biais, comme par exemple :

  • Les rôles assignés comme la parentalité (éviter un homme au jardin, une femme dans la cuisine)

  • Les métiers ou les fonctions représentées

  • Le nombre pour avoir un équilibre homme/femme

  • La posture des corps

Cette mise en place est complexe car bons nombres d’arguments persistent et empêchent sa réalisation. Voici les arguments contre la communication inclusive régulièrement mis en avant et les réponses que l’on peut leur opposer.

Argument de l’utilité : « c’est accessoire, on ferait mieux de s’occuper des salaires, des violences faites aux femmes …) => l’être humain se définit par le langage qui porte les valeurs de son temps, en ne parlant qu’au masculin, notre langage efface la moitié de l’humanité, et rend les femmes invisibles.
L’absence du féminin dans la langue a presque normalisé leur absence.

Argument de l’orthographe immuable : «  l’Académie a dit que… » => La langue évolue avec son époque, le 17ème siècle a normalisé un langage misogyne. En 1694, les cahiers préparatoires du tout premier dictionnaire de l’académie française indiquait « l’orthographe servira à distinguer les gens de lettres des ignorants et des simples femmes ».

Argument du masculin générique : « le masculin est aussi le marqueur du neutre, il représente les femmes et les hommes dans sa globalité » => en français le genre neutre n’existe pas, le mot est soit masculin soit féminin. Le masculin peut être excluant et ambigü. Des études cognitives démontrent que le masculin n’active pas de représentations de femmes dans l’esprit des personnes qui reçoivent le discours.


Argument esthétique : « écrivaine, pompière, ce n’est pas beau, cela ne sonne pas bien ! » => aucun mot n’est beau ou laid en soi. Les noms de métiers prestigieux aux féminins dérangent comme ambassadrices, autrices, médecines…car ils induisent que ces secteurs se féminisent alors qu’ils étaient essentiellement masculins à l’origine.
Des termes ont même une connotation négative au féminin (entraineuse), c’est pourquoi ils sont évités alors qu’au contraire il faut les réhabiliter.


Argument de la lisibilité : « cela encombre le texte, on crée des difficultés supplémentaires aux dyslexiques… » => l’œil s’habitue aux abréviations. Les lourdeurs sont intrinsèques à l’écriture institutionnelle avec un foisonnement d’énumérations. L’utilisation de formulations neutres sans recours excessif au point médian simplifie souvent les formulations.

Quelques règles en matière de communication RH :

  • Utiliser des verbes au présent plutôt qu’au passé composé (exemple : vous pilotez, plutôt que vous êtes placés…)

  • Utiliser le point médian plutôt que la parenthèse qui met toujours le féminin au second rang.

  • Utiliser un seul point milieu par mot et éviter d’en utiliser plusieurs pour ne pas « braquer »

  • Utiliser les épicènes et le pluriel pour réduire les points médian (les locataires plutôt que les client.es, les élèves plutôt que les étudiant.es)

  • Utiliser des formulation englobantes : la réunion de la délégation plutôt que la réunion des manageurs et manageuses, la réunion des délégué.es 

    Références :

« L’écriture inclusive, et si on s’y mettait ? » par Raphaël Haddad

Guide du haut conseil de l’égalité : « Pour une communication publique sans stéréotypes de sexe »

 

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