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Apéro de novembre à Lyon avec Mélanie Legat

  • Tuba 227 Cours Lafayette Lyon, Auvergne-Rhône-Alpes, 69006 France (carte)

« La logistique urbaine est en pleine mutation »

Le jeudi 17 novembre 2022, l’antenne lyonnaise de Femmes en Mouvement a reçu Mélanie Legat, directrice d’Interface Transport, bureau d’études spécialisé en logistique urbaine.

Mélanie Legat

Mélanie Legat a commencé par revenir sur son parcours professionnel non linéaire, pour reprendre ses mots. Diplômée de Sciences-Po Lyon, elle complète son cursus par un master Conflict Resolution Studies en Suède, avant de partir sur le terrain un an en Cisjordanie.

A son retour, elle travaille avec son frère qui venait de lancer une start-up de coursiers à vélo à Saint-Etienne. Elle qui pensait lui donner un coup de main pendant 3 mois, y restera trois ans comme directrice associée. « Je suis tombée dans l’entrepreneuriat » dit-elle, en souriant. Leur entreprise est rachetée par une agence de transport mais le mariage ne fonctionne pas très bien. Elle intègre alors Interface Transport en 2010 et en devient la directrice en 2014.

Interface Transport est un bureau d’études indépendant, spécialisé en transport de marchandises et logistique urbaine. Ses clients : les collectivités, les entreprises et les associations. Interface traite différentes problématiques : logistique urbaine, transition énergétique, transport et intermodalité, logistique des chantiers, logistique alimentaire en milieu rural, etc. « Je dirige une équipe mixte et pluridisciplinaire d’une quinzaine de personnes, pour répondre à ces enjeux au croisement de la technique et de la planification urbaine et territoriale » indique Mélanie Legat.

« Face à l’augmentation des flux des marchandises et avec un foncier contraint, il est nécessaire de mettre en place des planifications et un maillage logistique, à l’échelle d’une commune ou d’une région » poursuit-elle.

L’initiative de Lyon Part Dieu est intéressante. La SPL (société publique locale) Lyon Part-Dieu a mis en place un outil innovant qui régule les flux liés aux chantiers avec une plateforme numérique et un système de réservation par sillon pour les camions. Un cahier des prescriptions à l’intention des promoteurs a également été instauré pour intégrer les besoins logistiques de nouvelles opérations immobilières dès leur conception.

« En 10 ans, le sujet de la logistique a beaucoup évolué, constate-t-elle. Les collectivités locales intègrent davantage cette question, mais les projets et les expérimentations restent modestes au regard des enjeux ». Selon elle, les freins sont à la fois d’ordre financier et culturel. Par exemple, en Suisse, « véritable Disneyland de la logistique », il existe la RPLP (redevance poids lourds liée aux prestations) qui permet de financer le ferroviaire et la transition énergétique. « Quant au problème culturel, on pense, en France, que le réglementaire va tout régler, par exemple en créant les ZFE (zone à faible émission mobilité) ». Mais il faudrait une vision d’ensemble, une coordination et une intégration des initiatives et des expérimentations. Enfin, « le temps du privé est très différent du temps des collectivités locales. Une de mes principales difficultés dans cette interface public/privé est de synchroniser les volontés » constate Mélanie Legat.

Ce qui l’anime en tant que dirigeante : « produire des études utiles, dont nos clients pourront s’emparer de façon concrète et opérationnelle » et « consacrer du temps à la culture d’entreprise et à l’esprit d’équipe ». « Depuis le Covid, il y a une crise mentale, je trouve. Les Français ont plus que jamais besoin de faire des choses qui ont du sens. En tant que dirigeante, j’ai envie que mes collaborateurs prennent plaisir à travailler et je veille à ce que chacun puisse grandir professionnellement ».  

Enfin, à la question « est-ce que le fait d’être une femme a été un obstacle dans votre parcours professionnel ? », Mélanie a répondu : « il est vrai que la logistique est un milieu très masculin, je suis souvent la seule femme pendant les réunions, mais ce n’est pas un problème pour moi ». En revanche, elle reconnaît qu’elle a dû faire beaucoup plus d’efforts qu’un homme pour mener de front sa vie professionnelle et sa vie personnelle.  

Suite à cette intervention, des échanges autour d’un verre ont permis de poursuivre la discussion grâce à la présence d’acteurs du vélo, du transport en commun et des bureaux d’études en mobilités. La logistique urbaine est un sujet qui prend de l’ampleur depuis quelques mois face à l’augmentation des ventes en ligne, livraisons à domicile et « darkstores » qui s’installent pour répondre à la demande des commandes à distance, avec le paradoxe de raccourcir les trajets pour le consommateur final mais d’augmenter celui de la chaine de livraison dans un contexte de crise énergétique.




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