Faire du vélo un moyen de transport à part entière

Femmes en Mouvement a décidé d’explorer les différentes facettes de la mobilité à vélo pour ce deuxième trimestre de rencontres. Nous avons ainsi invité Lauha Fried, directrice des affaires publiques à Cycling Industries Europe (CIE), jeudi 13 avril, pour un apéro à distance.

Européenne convaincue, née d’un père franco-américain et d’une mère finlandaise, Lauha vit depuis 25 ans à Bruxelles où elle défend depuis 4 ans les intérêts de l’industrie européenne du vélo. Elle préside également le réseau Women In Cycling pour que la voix des femmes porte davantage dans cette industrie d’avenir.

« Ma grand-mère paternelle, Anne Fried, a été mon premier rôle model féminin et a eu une histoire très inspirante » commence Lauha. « D’origine autrichienne, elle est partie s’installer aux Etats-Unis au moment de la seconde guerre mondiale et à 70 ans, elle est allée rejoindre son fils en Finlande. Elle a appris le finnois et est devenue une romancière très célèbre ! ».

Après des études de sciences politiques, Lauha a été lobbyiste et a créé l’un des premiers bureaux de représentation régionale de l’UE pour les régions finlandaises à Bruxelles (NDLR : la Finlande est devenue membre de l’Union européenne en 1995). Puis elle a travaillé comme experte au sein de la Commission européenne sur des projets de mobilité urbaine. « Je sais que le terme lobbyiste est souvent connoté négativement, mais on peut aussi soutenir de bonnes causes ! » précise-t-elle, en souriant. Après une pause de trois ans pour s’occuper de ses jeunes enfants, Lauha a cherché une activité professionnelle avec « un impact positif sur la société ». Elle s’est alors tournée vers le secteur de l’énergie éolienne, en tant que directrice de la communication au Global Wind Energy Council.

Depuis 4 ans, elle est directrice des affaires publiques au sein de la Cycling Industries Europe (CIE). Cette association qui réunit tous les acteurs de la chaîne de valeur du vélo, œuvre à ce que la petite reine devienne un moyen de transport à part entière. Lauha anime des groupes d’experts sur différents sujets : les vélos en libre-service, le développement durable, le recyclage des matériaux, la diminution des emballages plastique, l’innovation… Elle suit également de près ce qui figure à l’ordre du jour de l’UE en matière de mobilité urbaine et de transport. « La stratégie européenne qui vise à doubler le nombre de pistes cyclables et à relocaliser une filière industrielle du vélo va dans le bon sens » se réjouit-elle. « Il faut à la fois favoriser les usages et renforcer la filière de production . Nous aimerions voir plus de vélos fabriqués en Europe pour développer une industrie résiliente qui devrait apporter 2 millions d'emplois verts d'ici 2030 ». Les changements sont là, avec une place de plus en plus grande accordée aux vélos dans les villes, mais lents.

En 2021, Lauha participe à la création du réseau Women In Cycling (WIC). « Lors d’un événement où il y avait 200 hommes et 4 femmes, nous avons eu un déclic, explique Lauha. Les hommes font partie de tellement de réseaux professionnels ! Il est important que les femmes se réunissent, s’entraident, notamment dans l’industrie du vélo qui est très masculine ». Women In Cycling a créé un groupe LinkedIn qui réunit aujourd’hui 1 900 femmes. L’objectif : mettre en place du mentorat, faire circuler des offres d’emploi, diffuser des vidéos pour inciter les femmes à se tourner vers les métiers techniques, faire des sondages pour mieux cerner leurs besoins, etc. Le réseau WIC a également lancé un réseau de femmes ambassadrices et mis en place un portail sur le site de la CIE pour référencer des femmes expertes, qui peuvent indiquer avec des tags leurs spécialités. Objectif : identifier et rendre visibles ces femmes expertes pour intervenir dans des conférences et augmenter la part des femmes dans les postes de direction ou au sein des conseils d’administration, « Il est important que les conférences et les instances de décision soient plus représentatifs de la société en termes de genre et de diversité culturelle » affirme Lauha.

Pour le moment, Women In Cycling n’a pas encore de secrétariat. « Il nous faut davantage de moyens humains et financiers si nous voulons être plus visibles et mener plus d’actions » reconnaît-elle. Elle a également souligné l’importance pour tous les réseaux féminins nationaux ou européens (ex : Women in Transport) de travailler ensemble pour être plus fortes. « Il y a un besoin criant de plus de diversité dans la filière vélo. Il est temps de prendre en compte les besoins des femmes, qui sont très différents des hommes, dans le cyclisme. Le premier frein des femmes est le manque de sécurité. Pourtant, le vélo est un formidable vecteur d’émancipation ». Et de rappeler aux industriels que les femmes constituent 50% de leur marché potentiel !

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Synthèse de l’apéro avec Amélie Guicheney

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