Lancement réussi pour notre nouvelle antenne à Marseille !

Mercredi 12 avril, Femmes en Mouvement organisait son premier événement à Marseille. 35 personnes se sont réunies chez Mama Spice pour échanger avec Véronique Haché, directrice de l’espace public et de la mobilité, de la mairie de Marseille. Marie-Xavière Wauquiez présidente de Femmes en Mouvement, était présente pour l’ouverture de cette nouvelle antenne.

Adhérente de la première heure et cheville ouvrière lors de la création de Femmes en Mouvement en 2015, Véronique Haché est revenue sur les moments importants de son parcours professionnel, en insistant sur l’importance de la sororité et des réseaux.

Géographe de formation et économiste des transports, Véronique Haché a consacré sa carrière professionnelle à la question du transport et des nouvelles mobilités. Fonctionnaire de l’Etat depuis 2004, elle a notamment été cheffe de projet du premier plan de déplacements urbains (PDU) en Île-de-France, conseillère transports de Bertrand Delanoë alors maire de Paris et directrice d’Autolib et de vélib Métropole. Véronique Haché est revenue sur son premier souvenir fondateur : « Alors que j’étais une jeune trentenaire, chargée de mission, j’ai eu la chance de rencontrer une femme inspirante, Chantal Duchène, alors directrice de la mobilité dans les services de l’Etat. Elle me faisait venir dans les réunions, m’encourageait à prendre la parole et à accepter de nouvelles responsabilités. Je l’en remercie ! » témoigne Véronique. « N’hésitez pas à faire du compagnonnage, à mettre en lumière les jeunes femmes autour de vous » poursuit-elle.

Lorsqu’elle a été nommée conseillère transports à la mairie de Paris, les projets passionnants mais complexes n’ont pas manqué : la piétonnisation des voies sur berges, la construction de 1200 km pistes cyclables, le réaménagement de la place de la République, etc. « Mais le dossier le plus dur à gérer a été celui de la féminisation des noms des stations du tramway des Maréchaux, se souvient-elle. Je me suis heurtée à des résistances impressionnantes. Finalement, nous avons obtenu que 9 stations sur 14 aient des noms féminins : Rosa Parks, Ella Fitzgerald, Marie de Miribel, etc ».

Elle garde un très bon souvenir de son poste de DG du syndicat Autolib et Vélib Métropole. « Nous sommes passés de 15 villes à 92 collectivités adhérentes au syndicat. Les enjeux en termes de mobilité furent passionnants à traiter ». Là encore, Véronique Haché souligne le rôle qu’ont joué la sororité et les réseaux dans la réussite de ses missions. « Il est important de s’aider les unes les autres. N’hésitez pas à demander de l’aide ou à passer un coup de fil pour débloquer une situation, demander un conseil » insiste-t-elle.

Pour lutter contre le sexisme au travail et faire avancer l’égalité professionnelle, elle veille notamment à refuser les panels où il n’y a que des hommes. Et lorsqu’elle est confrontée à du mansplaining, elle choisit comme arme l’humour. Et cela finit généralement par payer !

Puis Véronique Haché a eu envie de venir vivre à Marseille. « C’est un projet qui a mis 2 ans à se réaliser et depuis un an, je suis directrice de l’espace public et de la mobilité à la Mairie de Marseille » explique-t-elle. La tâche est vaste : créer des pistes cyclables, reconquérir et désencombrer l’espace public pour redonner de l’espace aux piétons, animer l’espace public (par exemple via un marché alimentaire sur le vieux port le dimanche matin), etc. Parmi ses points de vigilance : prendre en compte les problématiques des femmes, des enfants et des personnes âgées. Véronique Haché évoque « le test de la glace à l’eau » qui permet de savoir dans quelles villes/quartiers un enfant peut sans problème aller s’acheter à pied une glace et revenir chez lui avant qu’elle ait fondu. « Ce test, pas si anodin que cela, permet de voir si une ville a un espace public conçu et adapté aux enfants » estime-elle. De la même façon, intégrer les problématiques des femmes dans les transports est primordial. « Je me souviens déjà en 1990, Chantal Duchène avait écrit un livre « Mais qu’est-ce qu’elles veulent encore ? » dans lequel elle évoquait par exemple la prise en compte des attentes des femmes dans l’aménagement des bus. Elles doivent prendre la parole sur les projets de transports et de mobilité. Cela permet d’avoir une grille de lecture plus complète et de les penser différemment, de façon plus inclusive ». La sobriété énergétique et la végétalisation font également partie de ses préoccupations.

« Pour un projet d’urbanisme ou de mobilité, qui implique un certain nombre de contraintes, rien de tel que d’aller sur le terrain, sur le lieu de désaccord pour en discuter et négocier les modalités ! » rappelle-t-elle. Cela permet de mieux appréhender les questions d’usages, de sécurité, d’éclairage, etc. « Et insister, ne lâcher rien de vos propositions en faveur des femmes, même si cela ennuie tout le monde ! » conclut-elle.

Marie-Xavière a rappelé le projet « vélodacieuse » initié par Femmes en Mouvement pour sensibiliser les décideurs, qui sont souvent des hommes, aux problématiques rencontrées par les femmes lors de leur trajet à vélo, à l’heure de pointe ou le soir, en plein hiver.

La rencontre s’est terminée par un temps de questions/réponses avec les participants puis un moment convivial autour d’un cocktail.

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